La Banque de France expérimente l'euro numérique

Le projet d'euro numérique, une monnaie numérique de banque centrale (NMBC) basée sur la blockchain, est en expérimentation depuis deux ans. Le gouverneur de la Banque de France vient d'annoncer qu'une nouvelle phase de test sur l'euro numérique de gros sera lancée au deuxième semestre. Elle concernera notamment les paiements transfrontaliers, avec d'autres NMBC.

Par BOONE Joséphine

 

Mis à jour le 12 juil. 2022 à 18:16

 

La Banque de France accélère sur l'euro numérique. À l'occasion du Forum financier international de Paris Europlace, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la banque centrale, a annoncé le lancement de la deuxième phase d'expérimentation de l'euro numérique de gros à destination des banques commerciales.

Concrètement, l'euro numérique consiste en une monnaie dématérialisée de banque centrale, destinée à la fois aux citoyens et aux banques traditionnelles afin de concurrencer les cryptomonnaies et de faciliter les paiements dans un futur proche pour les Européens.

Le projet de l'euro numérique a été lancé par la Banque centrale européenne en 2020 et la Banque de France s'y est particulièrement investie ces dernières années. A travers le monde, de nombreuses banques centrales aux Etats-Unis , au Royaume-Uni ou encore en Chine travaillent activement sur des sujets similaires.

 

Solutions interbancaires

Pour la monnaie numérique de gros, la deuxième phase consiste en l'expérimentation de deux nouveaux outils : d'un côté une technologie de tokénisation des actifs par une blockchain qui utilise l'euro numérique, et de l'autre une plateforme pour les paiements transfrontaliers avec différentes monnaies numériques de banques centrales.

« Nous voulons nous rapprocher d'un prototype viable, le tester en pratique avec plus d'acteurs privés et plus de banques centrales étrangères au second semestre 2022 et en 2023 » a précisé François Villeroy de Galhau dans son discours.

 

Promesses sur la monnaie de détail

Si l'utilisation d'un euro numérique de gros pour les règlements interbancaires semble relativement consensuelle à ce jour, celle d'un euro numérique à destination de tous les citoyens est reçue de manière plus mitigée. Mais le gouverneur de la Banque de France a tenu à rassurer le parterre d'acteurs de la finance présents au forum Europlace. « Notre éventuel futur euro numérique doit être conçu et développé ensemble, et être aussi décentralisé que possible » a-t-il rappelé dans son discours.

En effet, face à des contours relativement flous du projet, les banques commerciales pouvaient s'inquiéter du rôle qu'elles se verraient attribuer pour l'euro numérique. « Il y a eu parfois l'idée que l'euro numérique représentait la fin de l'intermédiation bancaire, mais c'est une fausse idée » a expliqué le gouverneur aux Echos. Selon lui, les banques auront la charge la gestion des avoirs numériques des Européens, et celle de la relation client.

Quant aux avantages d'une telle monnaie pour les citoyens européens, François Villeroy de Galhau explique que « dès lors que l'usage du billet de banque diminue, il y a une vraie question à la fois de stabilité financière mais aussi de démocratie, à savoir comment les citoyens ont accès directement à la monnaie de banque centrale. On pourrait dire que c'est le billet 2.0 auquel on donnera évidemment des garanties de protection des données. » Cette monnaie dématérialisée est en phase de conception et pourrait être généralisée entre fin 2023 et 2024.